Les activités tendent à reprendre timidement leur cours en Haïti après trois jours de manifestations violentes post-électorales, particulière à Port-au-Prince et dans la troisième ville du pays, les Cayes. Ce vendredi 10 décembre, un calme apparent et relatif est enregistré dans plusieurs zones de la capitale suite à l’annonce du CEP de procéder à une vérification des procès-verbaux de l’élection présidentielle. Cependant, la situation reste encore tendue dans certains quartiers.
Port-au-Prince s’est réveillé ce vendredi 10 décembre dans un calme apparent et fragile. Timidement, les activités reprennent dans certaines zones de la capitale. Les petits détaillants du secteur informel sont remarqués dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince. Toutefois, la plupart des rues et des routes restent encore obstruées par des barricades dressées par les manifestants en colères. Pour se réapprovisionner après trois jours de terreur et de grande inquiétude, des gens laissent leur maison à la recherche de nourriture, de l’eau, entre autres.
La MINUSTAH arrive
La peur et l’inquiétude se lisent sur le visage de la population déjà en proie à l’épidémie de choléra. L’appel au calme lancé par les acteurs politiques semble faire écho chez les manifestants.
Pendant ces trois jours de protestations post-électorales, trois manifestants ont été tués par balles au cours de violents affrontements entre les manifestants et les Casques bleus qui ont éclaté dans la ville des Cayes (sud), à environ 200 km de Port-au-Prince.
« Un jeune a été abattu devant le bureau électoral départemental (BED) par des Casques bleus sénégalais et deux autres ont été tués à l’entrée de la ville, où un commissariat de police a été saccagé et les policiers désarmés » a fait savoir à l’AFP un ancien sénateur, Gabriel Fortuné.
La ville des Cayes est la troisième du pays. Elle a été pratiquement mise en centre par les manifestants. Toutes les institutions publiques ont été incendiées. La Direction générale des douanes (DGI), le bureau du Ministère de l’Economie et des Finances, la Douane, le Parquet du tribunal civil, la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, le bureau du Ministère des Cultes, les locaux de la municipalité, le Bureau Electoral Départemental (BED), la Banque nationale de crédit (BNC) entre autres, sont partis en fumée dans la troisième ville du pays. Les manifestants ont totalement détruits toute la représentabilité de l’appareil de l’Etat dans la métropole du Sud, les Cayes.
Les institutions privées dans la ville des Cayes n’ont pas été épargnées par ces manifestants en colère se réclamant partisans du candidat de »Repons peyizan ». Des magasins ont été pillés avant d’être brûlés. Le super marché Oriol, Prestige Multi Services et Oriol Dépôt shop ont été littéralement incendiés. Quelques dépôts situés dans la zone du marché public des Cayes ont également connus le même sort.
Dans le nord du pays, un jeune manifestant a été tué par balles au Cap-Haïtien, la deuxième ville d’Haïti, au cours d’affrontements entre les partisans du candidat à la présidence Jude Célestin, soutenu par le pouvoir, et ceux du chanteur populaire Michel Martelly, écarté du second tour, avaient annoncé auparavant des médias locaux.
Pour calmer l’esprit des manifestants en colère qui réclament depuis trois jours le repêchage de leur candidat favoris, Michel Martelly, à la course électorale, le CEP a annoncé, jeudi, qu’il va a procéder à une vérification des procès-verbaux de l’élection présidentielle.
« Le CEP décide d’enclencher immédiatement une procédure d’urgence et exceptionnelle de vérification au centre de tabulation des procès-verbaux liés à la présidentielle de 2010 », a indiqué le Conseil dans un communiqué.
Dans la même veine, les trois candidats à la présidence placés en tête des résultats du scrutin du 28 novembre, Mirlande Manigat, Jude Célestin et Michel Martelly, pour qui des milliers de gens ont gagné les rues, se sont adressés à leurs partisans en les appelant à garder leur calme. |